Les bases de la foi ecclésiologique orthodoxe


Le trait essentiel de l'Orthodoxie est, qu'elle unit ses fidèles dans une fois à laquelle JAMAIS rien n'a été ajouté, dont rien n'a JAMAIS été retranché, dans laquelle JAMAIS rien n'a été modifié, et qui est identiquement et absolument la même, telle qu'elle fut prêchée par les premiers disciples du Christ.

Notre coup d’œil devra donc être une synthèse, -non pas de l’Orthodoxie comme d’une branche quelconque du christianisme,- mais du christianisme lui-même, dont l’expression, selon la compréhension orthodoxe, se trouve être l’Eglise, la Sainte Eglise, non pas seulement comme motif de crédibilité, mais comme objet même de la foi. Ce qui veut dire qu’elle n’est pas du tout une construction déterminée par une question de droit, mais par la simple présence d’un FAIT. Ceci est caractéristique pour la compréhension orthodoxe.

L’Occident ne voit dans la chrétienté orthodoxe que « des églises », conception qui entraîne des erreurs immenses. Nous venons ici pour tâcher de vous faire saisir ce quelque chose que l’esprit occidental n’a pas aperçu, ce point vital qui est l’essence même de l’Eglise Une et Indivisible selon la conception orthodoxe. C’est l’Eglise Une et Entière, sans distinction de races et de nationalités, l’Eglise dans son UNIVERSALITE, que nous allons tâcher ici de rendre accessible à votre compréhension.



Le rôle de l’Evêque au sein de l’Eglise


Le rôle de l’Evêque au sein de l’Eglise
Archimandrite Grigorios D. Papathomas

Au sein de l’Eglise orthodoxe, l’évêque est l’un de quatre charismes constitutifs de l’Eglise locale, du diocèse ecclésial. Les trois autres sont les presbytres, les diacres et les laïcs (cf. saint Hippolyte de Rome, La Tradition apostolique, écrite à Rome entre 202 et 218 ap. J.-C.). Du fait que l’évêque ne constitue pas un individu mais une personnalité corporative, étant à la place et à l’image du Christ -"bon Pasteur" (saint Ignace d’Antioche), il est évident que l’évêque est un charisme qui récapitule l’ensemble de son diocèse. Pour cette raison capitale, l’évêque occupe dans l’Eglise une place fort importante, car il est appelé à être le garant de la fidélité à la foi apostolique et le "lieu" unique de l’unité de son troupeau, du corps ecclésial local. Et ceci, dans plus d’un sens.
Tout d’abord, selon les canons de l’Eglise orthodoxe (Corpus canonum de l’Eglise, 1er-9e siècles), chaque évêque a la totale responsabilité des affaires de son diocèse. C’est lui qui choisit par étapes progressives son clergé, qui le forme et le guide (le clergé est soumis à des règles de comportement plus strictes que l’ensemble des fidèles) et qui l’affecte à différents "services". C’est lui qui surveille la régularité de la vie des diverses communautés, y compris les communautés monastiques (il n’y a pas d’ordres monastiques dans l’Eglise orthodoxe, mais seulement unus ordo monasticus). C’est lui encore qui est chargé d’enseigner tant les fidèles que les clercs. Il juge les fidèles et peut les écarter de la communion puis les réintégrer par étapes. Enfin il assure la gestion de tous les biens de l’Eglise, y compris ceux des paroisses et des monastères.
Mais tout évêque orthodoxe doit appartenir au synode des évêques d’une province de l’Eglise orthodoxe établie localement. Ce peut être un synode (généralement national) auquel est reconnu le droit "d’autocéphalie" (le droit d’élire son propre primat), mais toute Eglise orthodoxe établie localement (Patriarcat, Eglise autocéphale, Eglise autonome) dispose d’une certaine autonomie. La vie d’un synode provincial est un élément essentiel de la vie de l’Eglise orthodoxe, car chaque évêque membre doit y faire part des affaires de son diocèse et le président doit assurer la concorde entre les membres et parler au nom de tous. Enfin c’est au synode de choisir les nouveaux évêques pour les sièges vacants et de les ordonner. Eventuellement ce sera à lui de les juger et de les déposer. Depuis que les Eglises ethniques abandonnent la structure para-étatique qu’elles avaient adoptées au XIXème siècle pour remettre l’accent sur les responsabilités et sur l’autonomie des évêques, certains synodes ont tendance à adopter un comportement de type parlementaire, avec des tendances permanentes.

On peut se demander pourquoi il faut accorder une telle importance à la présence d’un évêque unique dans chaque Eglise locale-diocèse et à l’exercice d’une mono-juridiction. Quelle est, en fait, la raison profonde qui nous empêche d’accepter une réforme ecclésiologique administrative qui rendrait possible la coexistence de plusieurs évêques dans un même district ecclésiastique ? S’il s’agissait d’une question de nature purement administrative, on pourrait considérer que la question est d’ordre secondaire. Mais le problème réside dans le fait que ce problème, pris dans son ensemble, a des ramifications ecclésiologiques qui sont liées directement à l’unité de l’Eglise.
Plus précisément, l’unité de l’Eglise comporte plusieurs aspects. Elle est exprimée par l’unité en matière de foi, par la communion existant entre ses membres, etc., mais d’abord et avant tout par la participation des fidèles au mystère de l’unique Eucharistie, car c’est par la participation commune à ce sacrement qu’est accomplie la communion étroite des fidèles avec le Christ et entre eux. En recevant le Corps du Christ, chacun des membres de la communauté ecclésiale entre en communion parfaite avec le Christ et avec tous ceux qui partagent le même Corps. Il n’est pas fortuit que dans les premières années du Christianisme, la synaxe eucharistique et l’Eglise étaient synonymes ; c’est-à-dire que l’Eglise n’avait pas alors le sens que nous lui attribuons aujourd’hui : celui de l’ensemble du corps des Chrétiens qui croient aux vérités de la doctrine chrétienne et s’y conforment. Le mot signifiait d’abord et avant tout l’assemblée eucharistique des fidèles à laquelle prenaient part tous les membres de l’Eglise locale. Si le contenu sémantique du mot « Eglise » a pu se développer avec le temps, l’essence en est demeurée la même. La sainte Eucharistie en tant qu’union des fidèles avec le Christ et entre eux constitue l’Eglise même, et la conséquence directe de cette identification est la conservation d’une seule Eucharistie dans chaque Eglise locale. Par extension, l’unité des fidèles devant l’Eucharistie est à la fois une condition préalable de l’unité de chaque Eglise locale et une réalité identique à elle.
Le privilège de la célébration de la sainte Eucharistie a toujours été associé à la personne de l’unique évêque qui, officiant en lieu et place du [de l’unique] Christ, est reconnu comme la tête et le centre de l’assemblée eucharistique. Cette réalité était plus manifeste dans les premiers siècles chrétiens lorsque dans chaque Eglise locale il y avait une seule et unique célébration de l’Eucharistie, présidée par l’évêque local et par lui seul. En même temps, l’Eglise voyait en ce président celui qui unit en lui-même toute l’Eglise locale en vertu du fait qu’il l’offre comme le corps du Christ à Dieu. Cela s’exprimait aussi dans cette conception fondamentale de l’Eucharistie : l’unité de la multitude en un seul. C’est juste là la définition de la mono-juridiction. En effet, c’est de l’autel unique de l’unique Assemblée eucharistique que découle tout ce qu’opère le charisme de l’évêque. Par la suite, ce sont les paroisses qui constituent toutes ensemble une Assemblée eucharistique unique, l’épiscopie, l’Eglise locale qui constitue par définition un espace mono-juridictionnel. En d’autres termes, la genèse historique des paroisses et par suite la célébration de l’Eucharistie par des prêtres n’a pas conduit, en termes ecclésiastiques, à une fragmentation de l’Eucharistie centrée sur l’évêque : un Evêque—une Eucharistie—une Eglise locale—une Juridiction territoriale. Ainsi était préservée l’unité de l’Eucharistie qui est la condition sine qua non de l’unité de chaque Eglise territorialement locale qui n’a, à son tour, rien à voir avec la notion et la conception de la diaspora (sic).
De nos jours et au sein de la "diaspora" ecclésiale cette fois-ci, ce n’est pas une seule, mais plusieurs assemblées eucharistiques qui ont lieu dans le même territoire en conséquence de sa division en plusieurs diocèses épiscopaux et multi-juridictions ecclésiales, et donc la célébration de l’Eucharistie a cessé de dépendre uniquement et exclusivement d’un unique évêque qui garantissait ainsi l’unité ecclésiologique de l’Eglise manifestée dans un lieu donné.
Cela montre bien clairement pourquoi l’existence de plus d’un évêque dans un district ecclésial mono-juridictionnel n’est pas et ne pourrait pas être acceptable. Le résultat ecclésiologique d’une telle situation que l’on rencontre fréquemment au sein de la "diaspora" orthodoxe, est la fragmentation immédiate de l’Eucharistie puisqu’il n’y a plus un seul évêque dans chaque Eglise locale et donc plus un seul corps ecclésial. L’institution d’une Eucharistie unique sous son propre évêque local cesse automatiquement d’exister. Cela a pour autre conséquence l’éclatement de l’unité de l’Eglise locale elle-même, puisque l’unité de la sainte Eucharistie est la condition préalable de cette unité de l’Eglise. En d’autres termes, l’unité ecclésiologique sans unité eucharistique est inconcevable et une telle unité ne peut se réaliser autrement que par le rassemblement de tous les fidèles de l’Eglise locale sous un seul et unique évêque qui, en lieu et place du Christ, préside la célébration de la sainte Eucharistie dans la perspective de la mono-juridiction. C’est donc justement ici que réside le grand problème de la "diaspora" orthodoxe, qui anéantit toute la réalité ecclésiologique d’Eglise locale et, par extension, celle de l’Eglise instituée localement.
Pour résoudre ce problème ecclésiologique particulier et restaurer la taxis canonique, il est essentiel et indispensable que l’organisation des Chrétiens orthodoxes de la "diaspora" soit assurée par une autorité ecclésiastique unique, responsable de leur organisation en diocèses. Il faut que la conscience ecclésiale devienne de plus en plus sensible à cette nécessité, en écartant toute déviation ecclésiologique dominant aujourd’hui dans notre praxis ecclésiale. En fait, dans la mesure où l’organisation administrative ecclésiologique des évêques de la "diaspora" doit se faire sur des critères territoriaux et non pas nationaux, ce qui suppose l’existence d’un évêque unique dans chaque district ecclésiastique mono-juridictionnel, se pose nécessairement la question de l’autorité ecclésiale qui devra nommer ces évêques et de laquelle ils dépendront. Les canons de l’Eglise montrent clairement la voie et fournissent une solution définitive au problème de la "diaspora" et donc c’est un mensonge délibéré de soutenir que ces canons ont été promulgués pour une autre époque… Aussi longtemps que l’on insistera sur ce mensonge, l’Eglise orthodoxe ne cessera de présenter qu’une apparence et une existence divisées, avec la coexistence dans un seul et même district ecclésial mono-juridictionnel de plusieurs pasteurs différents et de plusieurs communautés de fidèles différentes, une réalité de fait qui provoque par définition l’anéantissement de l’unité de l’Eglise sinon l’anéantissement de l’Eglise elle-même…
Archim. Grigorios D. PAPATHOMAS
Institut de Théologie Orthodoxe “Saint Serge” de Paris


CONFESSION DE FOI de SAINT GREGOIRE PALAMAS


 

    
CONFESSION DE FOI
de saint Grégoire Palamas


Je crois en Un seul Dieu qui est avant toute chose, au-dessus de toute chose, présent en toute chose et transcendant le tout, confessé et adoré dans le Père, le Fils et le Saint Esprit : Monade dans la Trinité et Trinité dans la monade, unie sans confusion et distinguée sans séparation : La Même est Monade et Trinité toute-puissante. Le Père est sans principe ou origine, non seulement parce qu’il est hors du temps, mais aussi comme absolument sans cause ; lui seul est cause, racine et source de la Divinité considérée dans le Fils et le Saint Esprit ; lui seul est cause primordiale des choses créées ; il n’est pas seul Créateur, mais il est seul Père du Fils Unique et seul Projeteur de l’Unique Esprit Saint ; il est éternellement et éternellement Père, et éternellement Unique Père et Projeteur ; plus grand que le Fils et l’Esprit, en tant que cause seulement ; pour toute autre chose, identique à eux et co-honoré.

De ce Père, le Fils est unique, sans commencement en tant qu’il est hors du temps, mais non en tant qu’il a le Père pour principe, racine et source : du Père seul, avant tous les siècles, incorporellement, sans flux, sans passion, Il est sorti par engendrement, mais sans se séparer de Lui, comme Dieu issu de Dieu ; il n’est pas autre chose comme Dieu, autre chose comme Fils ; il est éternellement, et éternellement Fils et Fils Unique ; éternellement face à Dieu sans confusion, il n’est pas cause ni principe de la Divinité contemplée dans la Trinité, puisqu’il existe à partir du Père comme de sa cause et de son principe ; mais il est cause et principe de toutes les choses créées, car par lui tout a été fait. Lui qui existe en forme de Dieu, n’a pas regardé comme une usurpation le fait d’être égal à Dieu ; mais quand la plénitude des temps fut venue, il s’est anéanti lui-même, en prenant forme de la Toujours Vierge Marie, et par la bienveillance du Père et la coopération du Saint Esprit, il a été porté et enfanté selon la loi de la nature, Dieu et Homme à la fois ; et se faisant véritablement homme, il est devenu semblable à nous en tout sauf le péché, tout en demeurant ce qu’il était, Dieu véritable, ayant uni sans confusion ni mutation les deux natures, les deux volontés et les deux énergies, et demeurant Fils Unique en une seule hypostase même après l’Incarnation ; il a accompli toutes les œuvres divines comme Dieu, et touts les actes humains comme Homme, et il s’est soumis aux passions humaines irréprochables : comme Dieu, il est et demeure impassible et immortel, mais de sa propre volonté, comme Homme, il souffre selon la chair. Il a été crucifié, est mort et a été enseveli, et le troisième jour il est ressuscité.

Apparu aux disciples après la Résurrection, il leur promit la force d’En-Haut et leur ordonna d’enseigner toutes les nations, de les baptiser au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit et de leur apprendre à garder tout ce qu’il leur avait commandé ; puis il a été enlevé au ciel et s’est assis à la droite du Père, faisant participer à notre pâte (la nature humaine) le même honneur et le même trône, la même divinité. Avec cette pâte (humaine) il reviendra en gloire juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres.

Monté auprès du Père, il envoya sur ses Saints Disciples et Apôtres l’Esprit Saint, qui procède du Père : Il est, avec le Père et le Fils, sans principe en tant qu’il a, lui aussi, le Père pour racine, source et cause, non comme engendré, mais comme procédant.

Du Père, lui aussi, avant tous les siècles, sans flux, sans passion, Il est sorti, non par engendrement, mais par procession, inséparable du Père et du Fils, puisqu’il sort du Père et repose sur le Fils ; il est uni à eux sans confusion et distingué d’avec eux sans séparation. Il est lui aussi Dieu issu de Dieu, non autre chose comme Dieu, autre chose comme Paraclet ; Esprit auto-hypostatique (qui est une personne en soi), procédant du Père et envoyé, c’est-à-dire rendu manifeste, par le Fils ; il est, lui aussi, la cause de toutes les choses créées, car en lui tout a été parachevé. Il possède, avec le Père et le Fils, même honneur, hormis l’innascibilité et la naissance.

Il a été envoyé par le Fils à Ses disciples, c’est-à-dire, a été manifesté. Comment, en effet, pourrait-il être envoyé autrement par Celui dont Il est inséparable ? Comment pourrait venir autrement à moi Celui qui est partout présent ? C’est pourquoi Il est envoyé non seulement par le Fils, mais encore par le Père, et par l’entremise du Fils. Et c’est aussi de Lui-même qu’il vient en se manifestant. Car l’envoi, c’est-à-dire la manifestation de l’Esprit est une œuvre commune.

Il ne se manifeste pas selon l’essence, car « personne n’a jamais vu ni raconté la nature de Dieu » ; mais bien dans la grâce, la force et l’énergie, laquelle est commune au Père, au Fils et à l’Esprit. En effet, ce que chacun d’eux possède en propre, c’est son hypostase et tous ses attributs particuliers ; en revanche, ils ont en commun, non seulement l’essence suressentielle, laquelle est absolument sans nom, non révélée et imparticipable, parce qu’elle transcende toute dénomination, toute révélation et toute participation ; mais également la Grâce, la Force, l’Energie, la Splendeur, le Règne, l’Incorruptibilité, et, en un mot, toutes choses selon lesquelles Dieu se communique et s’unit par la grâce aux saints anges et aux hommes.

Ni la distinction, ni la diversité des hypostases, ni la séparation et la variété des forces et des énergies ne Lui font perdre sa Simplicité, de sorte que nous confessons un seul Dieu tout-puissant dans une seule divinité. En effet, il est absolument impossible que des hypostases parfaites puissent donner lieu à une composition ; et il est tout aussi impossible de dire que le simple fait de pouvoir fait de celui qui a ce ou ces pouvoirs, une chose composée.

Nous adorons aussi d’une adoration relative la Sainte Icône du Fils de Dieu décrit dans son humanité qu’il a prise à cause de nous, et nous reportons par relation notre adoration au prototype ; nous adorons semblablement le précieux bois de la Croix et tous les symboles de Ses souffrances, voyant en eux les trophées divins remportés contre l’ennemi commun de notre race ; de même pour la figure salutaire de la précieuse Croix, les lieux et les temples divins, les objets sacrés et les paroles données par Dieu, qui habite toutes ces choses.

Nous vénérons pareillement les icônes de tous les saints, à cause de l’amour que nous leur portons et à cause du Dieu qu’ils ont servi et aimé véritablement. Dans la vénération nous portons nos pensées sur les figures des icônes.

Nous adorons aussi les reliques des saints, car la grâce sanctifiante ne se retire pas de leurs ossements très saints ; de la même façon, en effet, la Divinité du Seigneur ne s’est point séparée de Son Corps durant la mort de trois jours.

Nous ne connaissons rien de mauvais par essence, ni d’autre principe du mal que l’écart commis par les êtres raisonnables (verbifiés) lorsqu’ils utilisent mal l’autorité sur eux-mêmes que Dieu leur a donnée.

Nous vénérons toutes les traditions, écrites et non écrites, de l’Eglise, et par-dessus tout, la très mystérieuse et toute sainte Communion, la Synaxe, la Cérémonie Sacrificielle d’où dérivent la perfection et la sacralité de tous les autres mystères, et dans laquelle, en mémoire de Celui qui s’est anéanti lui-même sans amoindrissement, et a pris chair et a souffert pour nous, selon le commandement prononcé par Sa voix divine, et l’acte accompli de Ses mains, sont consacrés et déifiés les dons très divins, le Pain et la Coupe. Dans ce sacrement se réalise le principe de Vie, le Corps et le Sang du Seigneur, et il est donné, à ceux qui s’en approchent avec pureté, d’y participer et d’y communier, d’une manière ineffable.

Tous ceux qui ne confessent ni ne croient comme l’Esprit Saint a prédit par les Prophètes, comme le Seigneur, apparu pour nous dans la chair, a décrété, comme les Apôtres, ses envoyés, ont prêché, comme nos Pères et leurs successeurs nous ont enseigné, mais qui ont pris l’initiative d’une hérésie individuelle ou ont suivi les misérables inventeurs de tels systèmes, nous les rejetons et les vouons à l’anathème.

Nous acceptons et recevons avec ferveur les saints Conciles Œcuméniques : celui des Trois-cent-dix-huit Pères théophores de Nicée, réuni contre le théomaque Arius, qui, dans son impiété (sa fausse doctrine), ravalait le Fils de Dieu au rang de la créature et scindait en créé et incréé la Divinité qui est adorée dans le Père, le Fils et l’Esprit ; le suivant, celui des Cent-cinquante Pères saints de Constantinople, contre Macedonius de Constantinople, qui, dans son impiété, ravalait l’Esprit Saint au rang de créature et, exactement comme Arius, scindait aussi en créé et incréé la Divinité une ; le suivant, des Deux-cents Pères d’Ephèse, contre Nestorius, Patriarche de Constantinople, qui rejetait, en Christ, l’union hypostatique de la Divinité et de l’Humanité, et refusait catégoriquement d’appeler Mère de Dieu la Vierge qui a véritablement enfanté Dieu ; le quatrième, celui des Six-cents Pères de Chalcédoine, contre Eutychès et Dioscore, qui dogmatisaient à tort une seule nature en Christ ; le suivant, celui des Cent-soixante-cinq Pères de Constantinople, tenu à la fois contre Théodore et Diodore, qui partageaient les opinions de Nestorius et s’efforçaient de les raffermir dans leurs écrits, et contre Origène, Didyme et un certain Evagre, auteurs anciens, qui avaient tenté d’introduire en fraude dans l’Eglise de Dieu des chimères de leur invention ; le suivant, assemblé dans la même ville, de cent-soixante-dix Pères, contre Serge, Pyrrhus et Paul, de Constantinople, qui rejetaient, en Christ, les deux énergies et les deux volontés, qui correspondent aux deux natures ; enfin le second Concile de Nicée, avec ses trois-cent-soixante-sept Pères, réuni contre les Iconomaques.

Nous reconnaissons également tous les saints Conciles réunis par la grâce de Dieu en divers temps et lieux pour affermir la piété juste et la vie évangélique, au nombre desquels nous comptons les conciles assemblés dans cette grande Ville, dans le temple fameux de la Sainte Sagesse de Dieu (Sainte –Sophie), contre Barlaam le Calabrais, et celui qui, à sa suite, adopta ses idées et mit tout son zèle et sa ruse à les défendre, j’ai nommé Acyndinos. Ceux-là dogmatisent que la grâce commune du Père, du Fils et de l’Esprit, ainsi que la lumière du siècle à venir, dans laquelle les justes brilleront comme le soleil, et que le Christ a montrée d’avance en brillant sur la Montagne, et enfin, généralement parlant, que toute force et toute énergie de la Divinité aux trois hypostases, dans la mesure où elle diffère, si peu que ce soit, de la nature divine, est une chose créée ; de sorte qu’ils scindent, eux aussi, de façon impie, la Divinité une en créé et incréé.

Les esprits pieux confessent que cette lumière très divine est incréée, et que toutes les forces et les énergies en question sont bien divines et incréées, aucun des attributs naturels de Dieu n’ayant commencé dans le temps. Les barlaamistes, eux, considèrent les orthodoxes comme des dithéistes et des polythéistes, nom que nous donnent aussi les Juifs, les Ariens et les Sabelliens. Mais nous, rejetant les uns et les autres, comme athées et polythéistes, nous les déclarons tout à fait exclus du plérôme des pieux fidèles, ainsi que l’a fait, par la voix du Tome synodal de la Sainte Montagne, la Sainte Eglise catholique et apostolique du Christ ; et nous gardons notre foi en une Divinité une, tri-hypostatique et toute-puissante, qui ne perd aucunement son Unité et sa Simplicité par le fait des Forces ou des Hypostases.

En outre, nous attendons la résurrection des morts et la vie éternelle dans le siècle à venir. Amen.